Le Dragon Déchainé continue sa série d’interviews et de rencontres du personnel du campus. Aujourd’hui, parlons un peu de Marco !
After the big brother of campus let’s introduce the dad of the campus, Marco, and get to know him a bit more!
Interviews were conducted in French – see English translation below.
” – Est-ce que tu peux te présenter ? Les gens savent sûrement déjà que tu t’appelles Marco.
– À vrai dire je ne m’appelle pas Marco.
– Ah bon ?
– Mon vrai nom c’est Marc André, mais tout le monde m’a toujours appelé Marco.
– Quel est ton parcours ? Comment en es-tu arrivé à faire ce métier, à travailler ici ?
– Je travaille dans la sécurité depuis 2001. J’étais principalement sur des sites pétroliers comme Total. Il y a deux ans on m’a proposé Sciences Po, qui venait de prendre un contrat avec notre société. J’ai dit pourquoi pas, travailler avec des étudiants, ça change… Je suis arrivé ici le 2 Novembre 2021, pour un contrat de 3 ans (jusqu’à septembre 2024).
– Qu’est-ce vous aimez le plus dans ce métier ?
– Le contact. On rencontre beaucoup de monde dans ce métier, je m’y suis fait beaucoup d’amis.
– Quel souvenir vous a le plus marqué sur le campus ?
– Beaucoup de choses m’ont marqué. Mais le plus dur ça va être bientôt, le départ des 2As. Déjà l’année dernière quitter les deuxièmes années m’a fait mal, mais là ça va être encore plus dur car je les connais depuis deux ans. Je me suis beaucoup attaché, vous êtes un peu comme mes enfants.
– Ressens-tu une différence en termes de contact par rapport à tes anciens postes ?
– Bien sûr, oui, c’est différent à chaque fois. Dans le pétrolier on était des collègues, ici c’est très différent. Si je vois une élève qui tombe je vais accourir pour l’aider. Je me sens plus comme votre papa que votre collègue, je suis là pour prendre soin de vous.
– Quelle est votre journée type ? Y en a-t-il une d’ailleurs ?
– Ce que j’aime ici c’est que tous les jours sont différents. En une heure seulement tout peut changer. Tu peux être tranquille à ton bureau et un instant après dix élèves se ramènent avec du matériel et commencent à chanter. C’est kiffant, j’adore. Mais je ne peux malheureusement pas venir vous voir faire des spectacles dans l’amphi, je suis obligé de rester ici pour surveiller.
– Y a-t-il déjà eu des problèmes de sécurité sur le campus ?
– Pas quand j’étais là, mais je fais quand même attention.
– Comment vous vous coordonnez avec les autres agents de sécurité ou avec Vincent ?
– On communique énormément, oui, surtout avec Vincent (notre référent). Avec Yaya, on communique lors de la relève. Quand il va venir me relever cet après midi je vais lui dire tout ce qui s’est passé ce matin : si des gens sont venus, si un élève s’est blessé etc. On a aussi des contacts avec l’administration. Ils envoient des infos sur cet ordinateur. Là par exemple je sais qu’un lycée va venir cet après-midi. On note tout. Il y a aussi du contact avec les agents d’entretien. On discute de tout et de rien le matin autour d’un café.
– Est-il difficile de tisser une relation avec les étudiants ?
– Je ne parle pas très bien anglais mais ce n’est pas une barrière à mes yeux. Globalement c’est facile de tisser des liens. Certains étudiants sont timides mais il faut aller vers eux. Quand un étudiant me vouvoie ou m’appelle « Monsieur » je le reprends tout de suite : on est une famille. C’est Marco et c’est « tu ».
– Est-ce que c’est vraiment énervant quand les élèves ne quittent pas le campus à 9h ?
– C’est pas frustrant pour moi, il faut juste savoir gérer la chose. Le campus ferme à 21h, il faut respecter les horaires. Je dois m’arranger pour que les élèves sortent à cette heure-là. Mais moi j’ai encore du boulot après. Je dois faire la ronde fermeture. Je pars du 4e et j’utilise un portable appelé « PTI » qui fait aussi ordinateur. Il y a des pastilles sur les murs que je dois scanner, et je dois m’assurer que toutes les portes soient fermées, les alarmes enclenchées. Une fois que c’est fait, l’ordinateur de M.Fillion me dit si tout est bien fermé. Si l’alarme sonne on l’entend à l’autre bout de la ville. Il faut checker que tous les élèves soient bien partis. Une fois je me suis rendu compte qu’une élève était encore aux toilettes. Je dois regarder dans tous les toilettes, même derrière la porte. Dans l’amphi je regarde chaque rangée, quelqu’un pourrait avoir fait un malaise : on ne le voit pas si on regarde vite fait. C’est long, mais on fait largement nos 10 000 pas par jour, même plus.
– As-tu des hobbies ? En terme de vie privée ?
– La musique, et le vélo, je joue d’un instrument oui, de la percussion, je joue de la musique antillaise qu’on appelle le zouk. Mis j’aime toutes les musiques pas uniquement que ça, j’aime tout, j’aime le zouk, le reggae, la musique classique aussi ! Quand j’entends les étudiants jouer dans le couloir (LHarmonie) ça m’apaise.
– Quelque chose à rajouter ?
– J’ai pas hâte d’être au mois de mai… Ce qui va être dur c’est de vous voir partir. J’arrête le 12 ici, le campus ferme pendant les vacances, je pars d’ici je vais ailleurs. Ici on est là 8 mois sur 12, quand le campus est fermé on sert à rien ici, on va pas rester la tout seul à tourner en rond. Du coup pendant l’été je me retrouve sur différents sites, à l’origine je fais de la sécurité incendie.
En Mai ça va être… Je suis très sensible… Puis quand je vais revenir en Aout je vais revoir les 2A qui sont aujourd’hui 1A et les nouveaux qui vont arriver. Donc il va falloir tout recommencer. Ce qui est bien avec les 2A c’est qu’ils osent venir vers nous, quand on arrive en 1A on est très timide à quelques exceptions près. Mais tout de même le contact reste très fluide, et ça j’apprécie beaucoup, c’est pour ça que vous allez me manquer.
Parce que quand vous faites deux années avec des étudiants, que tu les vois tous les jours, c’est multiplié par mille ! Ce n’est pas comme si on ne se voyait qu’une fois par semaine pendant deux ans. La, c’est tous les jours, donc on s’habitue, et il faut aussi qu’on retienne les prénoms, je les connais pas tous vous êtes 380, mais j’en connais quand même pas mal.
Pour revenir à ce qu’on voit pas trop du taf qu’on fait, il y a la ronde du soir dont on a parlé mais aussi la ronde du matin, j’arrive sur le campus vers 7h10 et je vais le tour du bâtiment pour ouvrir toutes les portes, je fais aussi un test avec le TDI (téléphone de contrôle et de checking), voir qu’il fonctionne bien aux checks et que s’il y a un problème, la télésurveillance marche. Je fais un test tous les matins, je commence ma journée il faut que je sache quand même s’il fonctionne. Il y a des choses comme ça qu’il faut faire tous les jours.
En gros dans la sécurité, le plus important c’est les yeux, c’est pas les mains, les yeux et les oreilles, être attentif à tout, tout, si un jour en passant je vois un/e étudiant/e la tête dans les bras, assis/e sur le sol, je vais aller le/la voir, voir s’il y a un problème. Il m’est déjà arrivé de voir une étudiante pleurer et de parler un peu avec elle. C’est pas si improbable, ça sera tous les ans comme ça je pense, quand tu arrives comme ça dans un campus, t’es nouveau, tu es parti de chez toi et tu es dans un pays à 8 ou 9 heures de vol de ta famille, tu te retrouves avec des gens que tu connais pas, c’est pas évident. Ça faut savoir gérer aussi, on est la pour ça on essaye de faire au mieux.
–On revient encore une fois à l’idée de « Papa du campus »
– Moi je suis un Papa ici, pour moi vous êtes tous mes enfants . Mais je suis pas vieux, pas dans ma tête, il faut rester jeune c’est pour ça que je fais jeune aussi de l’extérieur. C’est pas l’âge qui fait vieillir. Et être entouré d’étudiants ça aide aussi, quand tu travailles avec des jeunes ça te donne un caractère ouvert et curieux sur tout. Et ça c’est important. Mais en général tous vous êtes impressionnants, gentils, adorables, j’ai rien à dire sur vous, y’a jamais eu de problème, pas de bagarre, pas d’insulte. Je n’ai jamais entendu même un mot mal élevé sortir de la bouche d’un étudiant. La seule chose que j’entends ici c’est le respect, le respect entre vous, c’est magnifique. Même quand je vous vois vous embrasser vous faire des câlins c’est magnifique. Ça va être très très dur de vous voir partir, mais bon c’est comme ça. C’est pour ça que je dis à tout le monde que s’ils reviennent au Havre, il faut passer !”
English Translation:
“- Can you introduce yourself? People probably know already that you’re named Marco.
– Well… Marco isn’t my real name.
– Really?
– My real name is Marc André, but everyone always called me Marco.
– What was your career path? How did you come to do this job and work here?
– I’ve been working in security since 2001. I was mainly working on oil sites before, like Total. But two years ago my company proposed Sciences Po, with which they had just taken a new contract. So I told myself “why not, working with students would be a good change”. I arrived here on November 2nd, 2021, for a three-year contract.
– What do you like the most about this job?
– Contact. We meet a lot of people in this job, and I made many friends.
– What memory struck you the most on campus?
– Many things marked me. But the hardest will be soon when the 2As will leave. Last year was already hard but this time even more because I’ve known them for two years. I’ve become attached to you all, you’re a bit like my children.
– Do you feel a difference, in terms of contact, with your former positions?
– Of course, it’s always different. On oil sites we were colleagues, here it’s different. If I see a student falling, I’ll run to help them. I feel more like your dad than your colleague, I’m here to take care of you.
– What does your usual day look like? Is there even such a thing as a usual day?
– That’s what I like here, every day is different. In one hour everything can change. Everything is calm, you’re at your office, and then suddenly ten students arrive with material and start to sing. It’s so cool, I love it. But I can’t see it when you do shows in the amphi though; I have to stay here [at the entrance].
– Have you already encountered security issues on campus?
– Not myself, but I’m still careful.
– How do you coordinate with other security agents?
– We communicate during the shift change usually. This afternoon, for example, I’ll tell them everything that happened during the morning: if people came if a student was injured, etc. We also communicate a lot with Vincent Fillion, our referee. And we are in contact with the administration, through this computer. They send all info here. For example, here I can see that some high school students will visit this afternoon. We note everything. We also talk casually with the cleaning staff in the morning.
– Is it hard to create links with the students?
-I don’t speak English well but I don’t consider it a barrier. It’s not that hard to create links. Some students are shy; you’ve got to do the first step. When someone starts to call me “Sir” or use “vous”, I correct them on the spot: we’re a family, it’s “Marco” and “tu”.
– Is it bothering when students don’t leave the campus before 9pm?
-I don’t mind too much, you just have to know how to deal with it. Campus closes at 9, you’ve got to respect the times. I must make sure students leave by that time. But I still have job to do after. I must do the closing patrol. I start from the 4th floor and I use a “PTI” phone that also acts as a computer. If you look closely at the walls, you’ll see some dots. This is what I have to scan to make sure all doors are closed, and all alarms activated. Once done, I must check on Vincent’s computer if everything is detected as close or activated. If the alarm rings, you can hear it from the other side of the city. We also have to check if all students left. Once, I realized a student was still in the toilet. You have to look everywhere, even behind doors or between each seat rows in the amphi, you never know, maybe a student fainted or something. It’s quite long, you easily have your 10 000 steps a day!
– Do you have hobbies? In terms of private life?
-I like cycling and music. I play percussion instruments, mainly zouk. But I like all types of music, from reggae to classical! When I hear students playing in the hall [LHarmony], it appeases me.
– Do you have something to add?
– I’m not looking forward to May, it’ll be hard to see you leave. The campus will close during the holidays and I’ll go elsewhere, we’re only here 8 months in a year. I wouldn’t be of any use here during summer so I’ll work on other sites, mainly for fire security. May is definitely going to be a hard time… I’m sensitive. Next year, there will be new students and we’ll have to start again everything. What is good with 2As is that they talk to you easily, contrary to 1As who are usually shy at the beginning. But still, the contact remains quite easy and I like it. That’s why I’ll miss you all a lot. Seeing you guys every day, for two years, it’s something. We get used to it, and we start remembering the names. I don’t know all of them because you’re 380 but I still know some.
– To come back to other aspects of the job we didn’t mention, there is also the morning patrol. I arrive at 7:10, I open all doors of the building and I test the video surveillance and the TDI phone (calling assistance in case something happens to me). You have to know every day if it works before starting.
In terms of security, the most important isn’t the hands, it’s the eyes. The eyes and the ears. You have to be attentive to everything. If I see a student that seems in a bad mood, sitting on the floor, I’m going to go and see them, and make sure there is no problem. It already happened to me to talk with a student crying. I think it’s normal. It’ll be like that every year: when you arrive on a new campus, far from your family and your home, surrounded by people you don’t know, it’s not easy. We’ll also be here for that, we have to know how to deal with it and do our best.
– Once again it comes back to this idea of “the Dad of the campus”.
– Yes I’m a dad here and you’re all like my children. But I’m still young in my head; it’s not age that makes you older. Being surrounded by students helps: when you work with young people, it makes you more open and curious. That’s important.
But in general, you’re all so nice, adorable, and impressive. I’ve nothing bad to say about you. There was never any problem, fight or insult. I’ve never heard anything rude getting out of a student’s mouth. I only see respect here, between you, and it’s magnificent, especially when you’re all hugging each other. It’s going to be tough to see you leave, but that’s how it goes. But I’m telling you all: if you come back to LH one day, don’t hesitate to come and say hi!”
Interview by Anna FREUND and Ruben RAMOS
Translation by Ruben RAMOS
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