Le vivre ensemble à La Réunion, idéal ou réalité?

Par Yoann Guillot

Dans le précédent numéro du Dragon Déchaîné, nous avons évoqué le caractère unique du multiculturalisme à La Réunion. Et pour tout, résultant d’une histoire difficile, il est important de noter que certaines blessures ne se sont pas refermées, l’histoire faisant peser sur notre présent les injustices du passé. Aussi, si l’adhésion pleine et entière de La Réunion à la République Française a été réalisée dans un processus de décolonisation par l’inclusion, celle-ci n’a pas su tout régler et a même causé l’émergence d’autres problématiques liées au vivre ensemble sur cette île.

Le but de cet article est de tenter d’exposer et d’expliquer la situation actuelle de ce fameux vivre ensemble, la grande “Réunion” dont on ne cesse de faire l’éloge. 

L’auteur de ses lignes tient à préciser que cet article est le résultat de son expérience, de ses impressions, et que donc cet article est forcément porteur de ses opinions personnelles, ne visant en aucun cas à imposer un point de vue. La perspective d’un Réunionnais diffère naturellement de celle d’un autre. Ainsi, le lecteur est invité à réagir pour solliciter le débat! Débattre sur ces questions ne saurait être qu’intéressant et utile.

Oui, et en dépit de ce qu’il sera dit par la suite, il existe bel et bien un vivre ensemble à l’île de La Réunion, et même plus fort que dans beaucoup d’autres lieux de France ou du monde. C’est là toute notre fierté. Comment une population si nombreuse et si diverse qui s’est retrouvée malgré elle sur une si petite île de par l’histoire, peut-elle faire qu’un, sans imploser? 

En écrivant ses lignes, je ne puis omettre de faire référence à un souvenir de la vie quotidienne à La Réunion. Un bel après-midi ensoleillé de Saint-Pierre, la grande sudiste, je me baladais dans les rues en damier de cette ville, quand soudain, avant d’entrer dans un commerce, s’élève un chant des plus sacré: l’appel de la mosquée. En effet, La Réunion, au côté de Mayotte, en tant qu’emplacement de la première mosquée construite de France, est l’un des seuls lieux en France où cette manifestation religieuse est autorisée, une entorse à la laïcité qui ne saurait être tolérée dans l’Hexagone. Et puis, que dirait l’extrême droite et le camp conservateur de cette hypothèse qu’ils auraient en abomination?  Oui, à La Réunion, nous accordons une grande place à l’expression des cultes, et ce de toutes les religions, que ce soit le son des clochés, les tambours Malbars des temples hindous, ou le chant du muezzin. Cette coexistence des diverses religions est certainement le pilier en meilleur état du vivre ensemble réunionnais. Celui-ci a fait l’objet de peu de tensions et bénéficie de l’action du Groupe de dialogue Inter-religieux de La Réunion réunissant des représentants de tous les cultes de l’île. Vivre de manière si concentrée sur un si petit espace nécessite de maintenir le dialogue et l’unité.

Le deuxième pilier, c’est le fait que des individus de couleurs de peau différentes, de cultures différentes, puissent vivre ensemble. Ça peut sembler anodin, mais force est de constater que ce n’est pas toujours un évidence, même en France. En fait, le ciment de ce même pilier c’est la créolisation, très présente à La Réunion, soit le phénomène salutaire selon lequel des individus venus de terres opposées se lient, donnant naissance parfois à des arbres généalogiques porteurs de toutes couleurs de la terre, d’Europe, d’Afrique, d’Asie, ou plus encore. N’existe-t-il point de meilleurs exemples de coexistence de différentes cultures que l’alliance d’individus de racines issus d’arbres de pays aussi distants les uns des autres? Quant au nouveau pied qui en résulte, n’y a-t-il pas de plus beau symbole? La Réunion, c’est la réunion sur un même rocher des racines du monde.

Photo personnelle Yoann G., Lycée Louis Payen, Saint-Paul, La Réunion

Cependant, sans renier en aucune sorte ce qui vient d’être exposé, dire que les Réunionnais vivent ensemble en permanence main dans la main, ce serait relativiser le chemin qu’il reste à parcourir en faveur d’une coexistence parfaite des diverses constituantes de la société Réunionnaise, afin de pouvoir avancer côte-à-côte pour l’avenir commun de cette île riche qui, comme son nom le suggère, nous réunit. 

Effectivement, si vivre avec son prochain était déjà un bien grand défi avec la diversité existante avant la départementalisation de l’île en 1946, cela semble encore plus difficile aujourd’hui avec les nouveaux arrivants: les métropolitains. Venus dans les années succédant au nouveau statut de La Réunion pour répondre à la demande croissante d’emplois publics sur une île en plein développement et en manque de main d’œuvre qualifiée, ce que l’on appelle les Zoreils vont provoquer des débats parfois houleux qui semblent persister. Bénéficiant au départ des emplois les plus rémunérateurs et donc d’un mode de vie privilégié par rapport au reste de la population, ceux-ci vont alimenter la critique des inégalités. L’autre question, dorénavant plus d’actualité que la première à la faveur d’un certain rééquilibrage (possiblement imparfait) pour les postes qualifiées, est celle de l’intégration des Zoreils dans la société Réunionnaise. A cet égard, ils sont parfois critiqués pour leur mode de vie à l’écart, vivant dans des quartiers favorisés de lieux bien particuliers de l’îles (en lisant cela, il faut comprendre notamment Saint-Gilles), et pour leur non adoption du kréol et de certains éléments culturels (nourriture, musique, etc.). En clair, la critique exprime l’idée que les Zoreils viennent vivre à La Réunion, mais ne font pas forcément l’effort de s’intégrer. Aussi le lecteur reconnaîtra-t-il peut-être des similitudes entre le sujet de l’émigration dans l’Hexagone de personnes n’ayant pas la nationalité française avec celui de présent à La Réunion, qui concerne aussi bien des Français de nationalité et de non-nationaux. En effet, certainement du fait de l’histoire toute particulière du territoire, de son éloignement et son insularité, être Réunionnais, telle une autre forme de nationalité, est un sujet à débat. De la même façon que l’on défini qui est Français ou non avec tout un tas de critères différents, il existe des discussions concernant qui peut être Réunionnais.

Plus récemment, on peut noter des débats similaires concernant l’arrivée de Mahorais ou de Comoriens qui, à l’inverse, ont tendance à vivre, faute de moyens, dans les principaux quartiers défavorisés de l’île. Ces nouveaux habitants sont parfois accusés de vivre entre eux et d’augmenter la criminalité. 

On peut soulever que c’est assez paradoxal. Qu’est ce qu’être réunionnais? Pourquoi refuser de nouveaux arrivants alors que La Réunion est un cailloux à l’origine sans habitants qui s’est peuplée par des vagues successives de migrations forcées ou libres?  Si à l’origine personne n’est réunionnais, et ne le devient qu’en vivant sur l’île, peut-on refuser de nouveaux arrivants? Ce n’est pas aussi simple, car de même que certains dans l’Hexagone ont tendance à nier l’identité française à des immigrés, certains, à La Réunion, tout en ignorant la proportion de la population, peuvent avoir une réflexion similaire en estimant qu’être Réunionnais c’est être né à La Réunion. Et pourtant, pour d’autres, cela ne suffit pas. Il faudrait que l’individu soit né à La Réunion de parents Réunionnais. Tout cela est bien exclusif. Tout cela est bien déterministe. 

Ce débat, qui permet d’inclure ou d’exclure à souhait qui a le droit d’être une part de l’identité de cette île, nous pousse à expliquer le terme “créole” ou kreol. Si à l’origine il désigne les descendants de colons blancs nés à l’île Bourbon, le sens de ce mot a depuis largement glissé pour désigner toutes personnes qui y sont nées, quelque soit leur origine. Il est même parfois utilisé pour parler de quelqu’un de métis. Et c’est donc parfois ce terme qui est utilisé pour attribuer ou non l’identité réunionnaise, comme si une telle chose pouvait être attribuée par quelqu’un à la place du droit de l’individu à se définir tel qu’il l’entend. Évidemment, chacun produira sa définition de “créole” ou de “Réunionnais” en fonction de ses convictions et de sa situation. Ainsi, certains Zoreils ou Comoriens, dont les racines ne sont pas liées à l’île,  vont se définir comme réunionnais en retenant juste la définition liée au lieu de vie, ou à la limite au lieu de naissance. D’autres, dont l’arbre généalogique est enraciné depuis longtemps, seraient tentés de retenir la définition la plus restrictive. Pourtant, il ne faut pas généraliser, car la définition varie énormément peu importe la situation de chacun. 

En tout cas, l’auteur de cet article considère pour sa part qu’est Réunionnais celui qui souhaite l’être. De la même manière que l’individu est libre de définir son existence, qui précède l’essence; quiconque est libre de dessiner son identité. Croyez le bien, il n’y a rien de plus triste et révoltant que de se voir refuser l’identité rattachée à une île où l’on est né et où l’on a grandi.

Pour ce qui est de l’intégration, on serait d’accord pour affirmer qu’il y a là un sujet méritant discussion. Si la critique se porte sur le manque d’intégration des nouveaux arrivants, ne peut-on pas agir pour les aider à s’intégrer? Pour le reste, il semble nécessaire de redéfinir l’identité Réunionnaise sur une note inclusive.

Aussi pourrions-nous prendre le contrepied de cette discussion, en faisant référence à un débat que j’ai pu avoir avec un membre de l’administration communale. En effet, l’arrivée de nouvelles personnes dont les racines ne sont pas de La Réunion peut être aussi perçue positivement. Et oui, selon cette même personne, les Zoreils, les Comoriens, les Mahorais et Malgaches ou autres, en arrivant sur un territoire qu’ils ne connaissent pas, arrivant avec leurs idées et leur culture, peuvent apporter un regard neuf et différent sur l’île, car ils ne sont pas tiraillés comme le sont certains par leur passé (à raison) ou ceux dont la vision est restreinte par des années de vie au même endroit, sans parfois avoir quitté La Réunion ne serait-ce qu’une année. Par exemple, les Français issus de l’Hexagone qui ont eu précédemment une expérience professionnelle, peuvent amener sur l’île leurs compétences, comme c’est par exemple le cas en aménagement du territoire et d’en d’autres domaines. Aussi, il faut dire que le monde professionnel Réunionnais fait parfois face à la prégnance du piston et l’inhibition de certains experts locaux convaincus que certaines choses ne sont pas possibles à La Réunion alors qu’il faudrait simplement changer de mode de fonctionnement. Par exemple, là ou certains acteurs de l’aménagement vont être réticents à remettre en question la construction dans les lits de ravine ou le mitage des terres agricoles, car de telles pratiques bénéficient parfois d’un soutien politique, des experts de l’Hexagone peuvent parfois regarder la situation du point de vue légal et de la sécurité publique. De même, dans le secteur public, serait-il intéressant de régler le problème du clientélisme politique, favorisant des Réunionnais au dépends d’employés plus compétents, qu’ils viennent de La Réunion ou non. S’il ne faut sûrement pas calquer la réalité locale sur celle de l’Hexagone, venir avec d’autres points de vue se fait au bénéfice de La Réunion.

Ces tensions culturelles sont elles-mêmes, et c’est là que réside certainement le plus grand maux, superposées aux inégalités sociales persistantes. Le pilier social serait en cela le troisième pilier contribuant à un meilleur vivre ensemble à La Réunion. Nous l’avons expliqué précédemment dans un article antérieur: l’île fait face à un taux de chômage presque trois fois supérieur à la moyenne nationale (20% contre 7% selon les chiffres de L’INSEE au 3ème trimestre 2023). Cela est en grande partie dû au déficit d’emploi par rapport à la population qui a continué d’augmenter. La Réunion ne présente que peu d’industrie et repose en grande partie sur le secteur public et les services, postes perçus comme une garantie de qualité de vie stable en plus de la sur-rémunération liée au coût de la vie plus élevé que l’Hexagone. Pour le reste, le secteur privé est actif mais à géométries variables. Et la situation est telle que même un Réunionnais ou un Hexagonale diplômé peut avoir du mal à trouver un emploi, en tout cas rémunérateur à hauteur de ses études.

Les Zoreils sont-ils plutôt critiqués de par leur emplois plus confortable plutôt que de par leur origine? Et bien cela peut être facteur, car historiquement, et cela avait une certaine logique à une époque, les Métropolitains ont occupé les plus grands emplois publics ou privés à La Réunion après 1946. Mais cela pouvait s’expliquer par le fait que les Réunionnais n’étaient alors que peu diplômés. Des personnes issues d’ailleurs ont donc fourni les compétences nécessaires. Il y avait donc, et peut-être toujours, un sentiment d’injustice bien réel. Aujourd’hui, bien heureusement, La Réunion a de moins en moins besoin d’employés qualifiés venus de l’extérieur, grâce au développement de l’éducation, avec des Réunionnais qui peuvent désormais se former sur le territoire, ou d’autres qui reviennent de Métropole. Mais ce n’est pas pour autant qu’il y a du travail pour tout le monde, on l’a dit.

Et donc, des inégalités persistent. On peut citer en exemple, et il ne s’agit pas de pointer du doigt, une communauté en particulier: des descendants des colons propriétaires d’un foncier important et de grandes entreprises. Il existe également des familles des communautés chinoises et “Zarabes” qui détiennent un ensemble important de commerces. Il y a aussi les Réunionnais qui détiennent un emploi de cadre dans le secteur public ou privé. Et puis il y a les autres… Les propriétaires de petits commerces, les ouvriers, et puis les personnes souffrant du chômage. Qu’en est-il des fameux Zoreils dont on entend tant parler? Et bien, si certains bénéficient toujours d’un emploi confortable, c’est beaucoup moins le cas pour les Métropoles arrivant à La Réunion depuis plusieurs années. En effet, sans pouvoir donner de chiffres, certains Métropolitains pensent pouvoir tout abandonner pour se reconstruire une vie ou réaliser un rêve aujourd’hui chimérique de vie tropicale, et se retrouvent à Saint-Gilles ou ailleurs sans emploi ou à multiplier les petits boulots peu rémunérateurs au regard du coût de la vie de cette partie de l’île. C’est ce que l’on appelle familièrement les “Zoreils savates” (parce qu’ils sont toujours en sandales). De ce fait, pour beaucoup qui sont arrivés sans préparation, ni connaissances, ni emplois, c’est la désillusion, ils repartent donc dans l’Hexagone. De manière générale, une partie de la communauté issue de la Métropole, et ce quelle que soit sa situation, désire revenir dans sa région d’origine.

On peut donc constater que les inégalités ne sont pas forcément liées à la communauté, en tout cas de moins en moins. Il faut aussi citer les inégalités spatiales, avec d’importantes disparités entre les zones urbaines côtières du Nord, Ouest et Sud de La Réunion, et l’Est ainsi que “Les Hauts” (désignant les zones de hauteurs et les cirques). Là ou la partie la plus développée bénéficie d’importants services, des infrastructures et des transports en commun, l’Est et particulièrement les Hauts en sont bien moins pourvus malgré des améliorations.

La pauvreté et les inégalités, auxquelles se sont superposées les questions communautaires et identitaires, sources de ressentiments, représentent ainsi un frein conséquent à l’établissement d’un parfait vivre ensemble à l’île de La Réunion.

Cependant, pour terminer sur une note optimiste, nous pouvons saluer l’amélioration de la formation des Réunionnais qu’ils restent à La Réunion ou qu’ils partent pour revenir plus tard. Les nouvelles générations, plus ouvertes sur le monde, pourront certainement contribuer à la création d’une meilleure “Réunion”, avec des Réunionnais continuant à marcher de l’avant, côte-à-côte, pour l’avenir de notre belle île.

What is the Outre-Mer?

By Yoann Guillot

All images credited to the author unless otherwise stated.

Image credit: digischool.fr

Reader, I seek not to offend, but it is well worth putting on paper that the typical view of the Outre-Mer that exists in the minds of those in the Hexagone is embarrassingly unsophisticated. Indeed, it seems as though the national imagination is chock-a-block with  atrociously stereotypical misconceptions. Dear reader, I assure you, when someone only mentions “coconuts, fruits, beaches, beautiful and coloured people” (the highest degree of ignorance) when talking about the Outre-mer, many of us, quite legitimately you will agree, are irritated.  Apart from  “Les Cocotiers de la République” — a label coined by  Canard Enchaîné to qualify (with extreme irony, and some truth)  the turpitude of political and economic life in overseas territories – other descriptions are generally quite exaggerated. 

Plage de Grand-Anse, Sud de La Réunion

So, nonsense aside,  what really is Outre-mer, anyway? 

First and foremost, it is important to expose the ideas behind the term “outre-mer”, since its definition is not that evident and should not be taken for granted. As the English term “overseas” suggests, “outre-mer” literally means what is over the sea vis-à-vis the mainland continental part of a country — the European part of France. As history and its implementation of humanistic ideas implies, “outre-mer” is intrinsically related to colonisation and slavery (you are very well encouraged to watch the film “Ni Chaînes, Ni Maitres” by Simon Moutairou, you can see it in French now at the cinema). For a long time, it remained and was employed as a synonym of “colonies” as a euphemism. Two striking examples of that were, firstly, the renaming of the “Musée des Colonies” (museum of colonies) to the “Musée de la France d’outre-mer” (museum of French overseas), and secondly, the replacement of the “ Ministère des Colonies” by the “Ministère des Outre-mer”. This sense remains attached to the term even after the creation of the Fourth Republic that juridically and officially put an end to colonisation. After the decolonisation of Africa, Outre-mer still alluded to departments are territories that are still under the control of France. This same word is used to this day. Even though it is obvious that the history of the term is no longer daily mentioned, it still bears its scars. This has justified the temptation to change the word, with no real success.

Another term deeply linked with Outre-mer is “la Métropole” (the Metropole), which is not spared  by some controversies. In opposition to the far territories overseas, the Metropole refers to the “mainland,” the “main territory.” This is not neutral, as the same “mainland” was the one centralising all political, economic and cultural power at the expense of the colonies which were being exploited. Because of the very principle of colonisation, despite overseas territories’ ‘contribution,’ their inhabitants were refused equality, citizenship, and the fruits of true development. This term evidently still has an unequal connotation. That is why the French government has quite recently promoted the term “L’Hexagone” in replacement, with limited results. Why is this word less problematic? Because it suggests that the Hexagone is only the hexagonal part of France among others. France is thus not anymore conceived as a European mainland with anecdotal small and remote islands elsewhere, but an aggregation of continental parts and islands around the world. Yeah! Everyone lives in peace and harmony! Of course, this beautiful discourse, which puts stars in our eyes, is completely idealistic and only theoretical (oops!). We can observe that overseas territories are far from being at the core of the country’s agenda, nor are they oft-mentioned in the hexagonal news, if at least positively and not in an exaggerated manner. What you will most often hear about is the occasional cyclone in La Réunion, hurricanes in Martinique and Guadeloupe, immigration in Mayotte, and chaos in New Caledonia-Kanaky. 

This new language and these new names for far-off parts of the country are definitely not erasing the latent inequalities between the Hexagone and overseas territories. The reality of most of these territories includes late development, socio-economic difficulties borne by many, and uncontrolled inflation, most of which are an inheritance from France’s colonial legacy. Some recent improvements have materialised, and this must be acknowledged as well.

Case créole Saint-Denis-de-La-Réunion

So, is it the end of the story? Do we finally know what the Outre-mer is at this point? No! In fact, “Outre-mer” is very lacunar in describing the immense diversity of the territories it is supposed to name. First, the Outre-mer does not have a statutory unity, it is a real mess! For the record, La Réunion and Guadeloupe are a “department and region of Outre-mer”; Mayotte is a “department of Outre-mer”; Guyane and Martinique are “unique territorial collectivities”; Saint-Martin, Saint-Barthélemy, French Polynesia, Wallis-and-Futuna, and Saint-Pierre-et-Miquelon are “collectivities of Outre-mer”; and finally, New Caledonia-Kanaky is a “sui generis collectivity”. “What on earth is that!?” you may exclaim, gracious reader —  and with good reason. 

To prevent this article from being too boring, I shall only explain that nearly each territory has its own special attributes from limited autonomy, as any other region or department in the Hexagone (La Réunion, Mayotte, Guadeloupe), to a higher degree of autonomy (New Caledonia-Kanaky). These different statuses are actually a result of each territory’s history, and this fact has multiple implications concerning the governance of these territories. For example, without providing too many details, a distinction can be made between the territories that were part of the first colonial empire (From the 17th century) and those of the second colonial empire (from the 19th century).  Reunion Island, for instance, belongs to the first case, whereas New Caledonia-Kanaky and French Polynesia belong to the second case. This justifies in part why Reunion Island did not ask for further autonomy, thinking of itself as a constitutive part of France, whilst Polynesia and New Caledonia, for example,  are claiming a differentiated identity. Also, to a very limited and approximative extent, we can make a further distinction between territories that were empty before the arrival of France (like La Réunion) and those that were already populated (French Polynesia, New Caledonia-Kanaky and Wallis-and-Futuna). However this rule does not apply to Guadeloupe, Martinique, Mayotte and others who, despite the presence of indigenous peoples before colonisation, do not enjoy a developed autonomy. This is explained, in the two first cases, by the fact that these tribes were massacred with few survivors.

For sure, diving into the history explaining overseas territories current realities is neither a funny nor easy endeavour. And yet, we assert with strength that knowing our roots is the way to move forward. 

To give a more positive voice, however, we can let you know that, in spite of the demons of history, overseas territories are striving to turn a new page and write a brighter future. This is the ideal we should all embrace with vigour.

Lagon de l’Hermitage-les-Bains, La Réunion

During this year, the writer of these lines will do his best to present the Outre-mer as completely as possible, to deal sometimes with its hard realities, but also with its limitless diversity and magnificence in all aspects. I invite you to join me on this journey!

As a final word, I find it very valuable to leave the floor to the intellect of Paul Vergès, one of the greatest and most widely recognised artists of Reunion Island, concerning his aspiration for a humanity of solidarity: “C’est cela la Révolution aujourd’hui. Et ce rêve n’est pas l’utopie dans laquelle on s’isole de la réalité. Au contraire, ce rêve nous permet d’aller constamment à l’idéal et d’exiger en même temps de comprendre le réel. Ainsi, ce va-et-vient permanent permettra que l’un soit lié à l’autre, que l’un dépasse constamment l’autre et fasse de chacun de nous un être responsable.” Reader, I hope you have been enticed to pay special attention to this column in issues to come.

Yours &c.,

Yoann