‘Laisse pas Béton ton mégot!’ : L’histoire d’un festival Havrais

par Noa Belarbi Nobumoto

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Il était une fois dans la petite ville du Havre, un festival emblématique: Le Béton. Installé sous la Catène, et mettant à l’honneur l’unique histoire de l’architecture havraise tout en musique, le festival annuel marque un des temps forts de la rentrée pour beaucoup d’Havrais.

Cependant, considérant que cette gemme reste encore bien trop inconnue auprès de nos camarades de Sciences Po, mes chers compatriotes, Lena, Manon et moi, sommes allées y passer le weekend afin de vous faire découvrir le festival à travers notre expérience. Ainsi, je vous conterais les formidables aventures de l’Apéroloc au Festival Béton !  

Tout a commencé cet été, un nombre incalculable de publicités sur nos “feeds” Instagram concernant le fameux festival, quelques messages échangés puis une réalisation: le prix des places était quelque peu onéreux et nous dissuade de nous y rendre.

Plusieurs mois passent et voilà que Léna et Manon m’informent qu’elles sont inscrites en tant que bénévoles au festival, et m’expliquent qu’elles pourraient bénéficier d’une entrée gratuite les deux soirs, en échange de quelques heures de travail. Je me suis donc hâtée de remplir le formulaire moi aussi, indiquant ma motivation, mes préférences et mes disponibilités et quelques jours plus tard, nous étions officiellement des bénévoles au festival Béton!

Vendredi 20 septembre:

N’ayant aucun shift le premier jour, nous décidons de profiter de notre privilège afin de nous rendre au festival gratuitement et de profiter de l’expérience visiteur. Une fois sur place, quelle ne fut pas notre surprise de voir cet endroit, que nous pensions si bien connaître, complètement métamorphosé, équipé de deux scènes, d’un coin food-trucks, de deux bars et d’une série de stands: nous ne nous croyons même plus être au Havre, en tout cas pas celui que nous avions connu jusque là.

Pourtant, le reste de la soirée nous réserva encore plus de surprises. Nous, qui ne connaissions pas le “line-up”, avons eu l’occasion de découvrir des artistes tels que TIF ou bien Rouhnaa et de profiter de l’entracte pour assister aux “DJ set”. De plus, nous nous sommes retrouvées en plein milieu de nombreux pogos, entourées de personnes aussi bien de notre âge que le double.

Après une soirée pleine de surprises et d’agitations, nous ne pouvions en tirer qu’une conclusion: Le Havre nous cachait bien trop de facettes qu’il nous restait encore à découvrir. La ville que nous imaginions pendant si longtemps comme inanimée et monotone se livrait à nous sous un nouveau jour.

Samedi 21 septembre:

Vient alors le Jour-J, celui que nous attendions avec impatience, sans pour autant avoir une idée de ce qui nous attendait. Nous avions rendez-vous à 14h au même endroit que la veille.  Cet accès, caché de tous et réservé aux bénévoles,  révélait tous les secrets que peuvent renfermer les backstages d’un festival. Une fois équipées de nos t-shirts ‘Béton Team’ nous faisons la rencontre des responsables se chargeant de nos missions durant le week-end. Se présentent à nous deux femmes, membres de l’association Aremacs. Elles nous expliquèrent que l’organisation du festival Béton sous-traitait l’association afin de sensibiliser les festivaliers, tout au long du week-end, à propos de la transition écologique.

S’ensuit alors un peu plus d’une heure de ramassage des déchets tout au travers du site.  Or, nous nous sommes rendues compte d’une chose: cet espace que nous avions connu la veille-même se présentait sous un tout autre jour: on pouvait désormais retracer la soirée et les mouvements de chacun à travers les déchets qui jonchaient le sol. Près des tables et des scènes beaucoup avaient fumés, laissant derrière eux une traînée de mégots; d’autres abandonnèrent des restes de burgers ou de shawarmas; ce qu’il semblait avoir été des éco cups formait désormais un ensemble de petits bouts de plastique dispersés tout autour de la scène principale.

Une fois le ramassage fini, nous ramenons nos collectes dans les backstages, lieu où toute la magie opère et où les mains de fées des bénévoles trient, pèsent et entreposent tous les déchets collectés. Le rôle des intervenants d’Aremacs est de “valoriser” les déchets ramassés durant l’événement afin de pouvoir offrir une meilleure visibilité sur les pratiques de tri et de recyclage et globalement la pollution générée par les déchets. En effet, quand on sait qu’un seul mégot peut polluer jusqu’à 500 litres d’eau, ça nous fait réfléchir à deux fois avant de le jeter par terre.

En discutant aux membres de l’association, nous avons pu mieux saisir la diversité de leurs actions et le réel but derrière toutes les initiatives prises lors du week-end; les cendriers portables afin d’éviter les mégots par terre, les supports de tri à travers tout le site, des affiches de sensibilisation accrochées aux endroits de passages, etc…

Ce soir-là, nous nous amusons tout autant que la veille, profitons d’un repas offert (ça fait jamais de mal) et découvrons encore des artistes tous aussi talentueux les uns que les autres, de Dalì, à Yoa, en passant par Isaac Delusion et Etienne de Crecy ;  le “line-up” pouvait en faire rêver plus d’un.  Pour autant, quelque chose avait changé: cet espace que l’on avait si assidûment nettoyé quelques heures auparavant était à nouveau exposé à toutes sortes de déchets. Aussi, nous étions alors beaucoup plus attentives à notre comportement comme à celui des autres, nous n’avions plus la même vision de cet endroit qui était pourtant le même que le soir dernier. Au final, nous portions un regard différent sur ce festival de manière générale.

Dimanche 22 septembre:

Le dernier jour venu, la motivation n’y était plus vraiment au rendez-vous, la fatigue accumulée prenait le dessus. Malgré tout, nous nous sommes motivées et nous voilà arrivées à la Halles aux Poissons pour l’installation des stands de restauration qui allaient animer les activités du jour. Une fois les tables installées, nous avons été envoyées sur le site du festival et nous retrouvons nos collègues, désormais copines, d’Aremacs. Une fois nos repères retrouvés, nous enchaînons 2 heures intenses de tâches à accomplir, allant de ramassage des supports de tri, au nettoyage de l’espace backstage en passant par le tri et le pesage des sacs poubelles, nous participons à l’ensemble des actions menées par l’association et pour la troisième fois ce week-end, nous avons la chance de voir le site du festival sous un nouvel angle: encore une fois, les visiteurs avaient abandonné une traînée de déchets, les artistes laissaient derrière eux une trace de leur passage, alors que les scènes et bars disparaissaient sous nos yeux.

Une fois notre mission terminée, il était temps pour nous de quitter le site et de dire au revoir aux bénévoles qui avaient si chaleureusement partagé avec nous leur quotidien ces derniers jours.

Des affiches à la main et la tête pleine de souvenirs, nous quittons cette aventure pour le moins improbable et des plus enrichissantes, avec un sourire sincère et quelques courbatures. 

Encore aujourd’hui, ce week-end reste une de nos meilleures expériences au Havre et nous en tirons une leçon: s’amuser et être utile c’est possible!

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Author: Le Dragon Déchaîné

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