Une grève générale a été annoncée le 13 octobre qui concerne une grande partie des syndicats et organisations de jeunesse ayant pour principales revendications des sujets concernant les droits sociaux des travailleurs, tels que les minimas sociaux, les salaires, ou encore l’égalité salariale hommes-femmes. C’est avec une grande déception que l’on peut admirer le manque de revendications environnementales dans les récents combats sociaux, alors que l’intersectionnalité de ces deux luttes ne cesse de se faire de plus en plus claire. Alors que l’on sait que la grève est une action fondamentalement écologique, qui permet de réduire la production et donc les émissions des activités humaines, et qui permet un temps de ralentissement dans un monde qui ne cesse de s’accélérer.
C’est ainsi que l’on peut proposer la création d’un mouvement social et écologique qui se base sur l’utilisation de grève générale comme moyen de revendication de mesures écologiques. Par l’idée d’une grève écologique, j’entends tout au moins l’idée de cesser collectivement le travail pour avancer des revendications environnementales. C’est un concept déjà existant mais seulement au sein des jeunes et lycéens. On pourrait alors, au vue de l’impact mitigé de ces grèves étudiantes, se questionner sur l’efficacité d’une amplification de ce type de mouvement en une grève dite générale, voir plus généralement sur l’efficacité des moyens de contestation face à la crise climatique En effet, le lycéen qui ne va pas en cours ne change en rien son empreinte carbone tandis que l’ouvrier la réduit considérablement, que ce soit par le temps de trajet évité ou la nature de son activité.
Nous pouvons imaginer potentiellement un mouvement de grève qui ait pour principale revendications des demandes élémentaires et évidentes pour lutter contre le réchauffement climatique. Des mesures non pas encore forcément révolutionnaires mais qui puissent ouvrir la voie pour le reste, pour une discussion et un vrai débat d’une envergure nouvelle sur la question climatique. Des mesures sans lesquelles la grève ne s’arrêterait pas. Je pense à des exemples comme les méga-bassines dont l’inefficacité et les coûts en font une solution désastreuse pour l’environnement, idée qui forme un consensus chez les scientifiques. Le changement de la production de produits volontairement programmé vers l’obsolescence rapide, c’est le cas de certains produits électroménagers, mais c’est aussi le cas de la fast fashion. Je pense également à la réduction des émissions produites par le secteur du numérique, par les milliers de data center qui consomment une quantité d’énergie ridiculement grande par rapport à ce qu’elle sert à collecter ou stocker, à savoir parfois des mails inutiles. Malheureusement rien ne nous dit que ces mouvements ne finiront pas comme les mouvements sociaux actuels, c’est-à-dire sans avoir gagné, si ce n’est que ce genre de mouvement sera tout de même une victoire pour la planète car elle aura vu les émissions se réduire pendant plusieurs jours au moins. Il n’y a donc rien à perdre.
Nous pouvons toutefois imaginer d’autres alternatives dont l’efficacité est débattue. Par exemple, l’idée d’une non-coopération sociale ou économique est une solution également envisageable mais elle semble bien trop contrainte et inefficace. Elle s’incarne par exemple par la suspension de toute activité sociale ou sportive, les boycotts de consommateurs et producteurs, les retraits de dépôts des banques etc… L’idée étant de mettre une pression sur le système financier en menaçant de le déstabiliser. De sorte qu’un retrait massif des comptes bancaires serait très difficile à atteindre quand on sait que les plafonds de cartes oscillent entre 500 et 2000 euros. De même ce qu’on appelle les grèves de gratuité, qui consistent à ne rien faire payer aux consommateurs sont limités par la loi. Les contrôleurs de la SNCF sont par exemple obligés de contrôler et de faire payer car ne pas le faire représente aujourd’hui une faute grave.
Ainsi, nous voyons bien que les moyens légaux et démocratiques mis à notre disposition pour lutter contre l’inaction climatique des gouvernements est insuffisante face à l’urgence climatique, ce qui pose en contrepartie la question de la légitimité de la désobéissance civile voir de l’action violente comme moyens les plus efficaces de contestation en temps de crise. Plus largement cela nous questionne sur la réelle ou fictive possibilité pour les consommateurs même collectivement d’avoir un impact conséquent et positif sur le changement de paradigme nécessaire pour résoudre la crise climatique. Faut-il qu’individuellement nous mettions notre vie en danger pour faire réagir comme l’a fait Thomas Brail pour aller contre le projet de l’A 69. Ou pouvons nous démocratiquement nous faire entendre, cela semble être un horizon de moins en moins réaliste. Si le changement ne peut venir que des grands acteurs économiques et des États, alors nous saurons vers qui nous tourner quand viendra l’urgence, et nous saurons de qui le pouvoir doit être confisqué.
Read more: Pour une grève écologiqueArtus HUET, étudiant en première année, nous fait part de son sujet de prédilection : l’écologie and social movement.
