Il y a un peu plus d’un an, le 30 décembre 2020, l’Argentine légalisait l’avortement pour tou-te-s. Après des années de lutte agitée, ce droit fondamental de disposer de son corps est enfin accordé dans ce pays qui a été secoué par une mobilisation contestataire de grande ampleur depuis les rues de Buenos Aires jusqu’à Ushuaia.
Les débats autour de ce droit humain divisent les sociétés actuelles, et si certains pays l’ont légalisé depuis plus de 30 ans pour la plupart de l’Europe (1975 pour la France), certains pays comme la RDC l’interdisent, quelques soient les circonstances. Puis entre les deux, des pays où le combat est en train d’être mené, tels que l’Argentine, ou qui ne l’autorisent que dans les situations particulières, comme à la suite d’un viol, dans le risque de maladies génétiques chez l’enfant ou de danger pour la vie de la mère comme au Brésil. En revanche, certains pays ont régressé en matière de législation du droit à disposer de son corps ces dernières années, comme la Pologne, la Hongrie ou certains états des Etats-Unis. Par exemple la Géorgie interdit l’avortement dès qu’un battement de cœur du fœtus est détecté, soit au bout de 6 semaines de grossesse, lorsque seulement une femme sur 3 est consciente d’être enceinte à ce stade.

Cette date reste pour l’Argentine le point final d’un combat qui fut long et éreintant mais victorieux pour ceux et celles qui se sont battus jusqu’au bout, et se sont opposés en masse face aux gouvernements successifs qui créaient une digue de refus pour le droit à l’avortement légalisé et sans dangers.
Le nom de ce mouvement ? La vague verte. Couleur inspirée du foulard que les militant-e-s portaient noué à l’épaule en signe de soutien et de mobilisation depuis aout 2018, le bout de tissu vert est devenu un réel symbole politique. Cette couleur est forte en sens, le vert symbolisant en effet la vie, la naissance, et l’espoir. Il s’agit également de la couleur des Mères de la Place de Mai, un mouvement contestataire de mères se battant pour retrouver leurs enfants, disparus ou assassinés pendant la dictature militaire du pays entre 1976 et 1983, aussi évoquée comme la « guerre sale » (répression des Etats Sud-Américains entre les années 60 et 80).

Ce foulard est un emblème de la lutte durant laquelle les Argentins ont fait pression par milliers devant le Sénat pendant des mois et qui ont finalement obtenu gain de cause. Ainsi, la fin de l’année 2020 a marqué la victoire de ces activistes.
C’est une étape fondamentale dans le combat pour la légalisation de l’avortement en Amérique Latine, mais celui-ci est loin d’être fini. La vague verte toujours active déferle au Mexique, au Salvador, en Colombie, dans les rues mais aussi au Sénat. Tou-te-s abordent le foulard vert, signifiant qu’iels ne lâcheront pas, que ce combat sera mené jusqu’à la fin pour établir ce droit fondamental, celui de disposer de son corps.
Par Anna Freund